La Libye, Etat en faillite

La Libye sombre, une nouvelle fois, dans le chaos et cela depuis plusieurs mois. La guerre civile qui secoue le pays est due à de nombreux facteurs, et est similaire à ce qui se déroule en Syrie actuellement.

Depuis le 16 mai 2014, date du début des combats Benghazi, la Libye est à nouveau plongée dans la guerre civile entre les islamistes, et les deux gouvernements du pays. En effet, en plus de la violence, le pays se trouve dans la confusion politique: la Chambre des représentants (soutenu par l’Égypte et les Émirats Arabes Unis et reconnu par la communauté internationale) et le Congrès général national (issu de la révolution et dont le mandat à expiré) se disputent tous deux le gouvernement du pays, tout comme les milices islamistes (comme Ansar al-Charia ou l’Etat Islamique par procuration) qui contrôlent déjà certaines villes comme Syrte ou Derna ou certaines tribus du sud du pays. Cette guerre se déroule sur fond de lutte pour les réserves pétrolières du sud du pays, ainsi des champs pétroliers sont attaqués, voir brûlés. Après la chute de Kadhafi à la fin de la première guerre civile libyenne, on constate que la situation n’est pas revenu à la normale, et que aujourd’hui la Libye est isolée et en pleine implosion, vivant sous le coup d’attaques et d’attentats.

20 octobre 2011, Mouammar Kadhafi est tué par des rebelles qui l’ont retrouvé caché. Les rebelles, appuyés par l’aviation de l’Otan (la France en tête), ont remportés la guerre civile et le Congrès National de Transition est reconnu comme gouvernement légitime de la Libye (il deviendra plus tard le Congrès général national). Plus de 3 ans après, la Libye a sombré, deux gouvernements se déchirent le contrôle de ce qui reste du pays face aux milices islamistes qui souhaitent la même chose. La faute à certaines milices qui ont refusés de déposer les armes après la fin de la première guerre civile, dans le but d’assurer leur contrôle politique et économique sur certaines zones. La faute aussi au CGN, qui en plus d’avoir instauré la charia dans le pays, a refusé le dialogue avec la Chambre des représentants  (le CGN a dénoncé un « coup d’Etat » et dispose d’un gouvernement auto-proclamé sous contrôle des islamistes) appuyée par un ancien gradé du régime de Kadhafi, le général Khalifa Haftar. Incapables jusque là d’assurer la sécurité dans le pays avant ce « double gouvernement » le CGN et la Chambre ne font qu’empirer la situation. La faute aussi d’une certaine manière à l’OTAN (du moins aux pays qui sont intervenus militairement) qui n’a pas supervisé la transition libyenne, laissant les islamistes s’imposer petit à petit, la sécurité se détériorer et les milices prendre la place de la police sans vraiment réagir.

De plus, on peut comparer la situation de la Libye avec celle de la Syrie d’une certaine manière. Notamment sur le fait que les démocrates, les révolutionnaires, aient été remplacés par des islamistes. En Syrie l’Armée syrienne libre (ASL) se retrouve de plus en plus éclipsée par les groupes islamistes (comme l’État Islamique) qui cherchent aussi à renverser le régime de Bachar el-Assad. En Libye, ces groupes ont aussi remplacés les démocrates, y compris au sein du CNT (ou du CGN au choix). On peut aussi ajouter la situation sécuritaire catastrophique des deux pays, où le gouvernement n’a quasiment plus aucun contrôle, à part sur un territoire restreint. A noter aussi l’effondrement économique, la destruction matérielle, les ingérences internationales dans le conflit (pas en Libye pour le moment) et l’isolement quasi-total de ces deux pays, un peu comme dans chaque situation de guerre civile.

Au final la Libye est un État faillite, minée par la guerre civile. Il est peu probable que cette guerre se finisse tant que les deux Parlements ne se soient pas mis d’accord sur qui dirigera le pays, afin de contrattaquer face aux milices islamistes.

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